Décompensation cardiaque : symptômes et traitements

La décompensation cardiaque survient lorsque l’organisme ne peut plus compenser les défaillances du muscle cardiaque. Il est crucial de connaître les signes d’alerte pour une prise en charge rapide. Les explications du Dr Stéphane Manzo-Silberman, cardiologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

1. Qu’est-ce que la décompensation cardiaque ?
2. Symptômes de la décompensation cardiaque
3. Causes de cette pathologie cardiaque
4. Diagnostic d’une décompensation cardiaque
5. Traitement de la décompensation cardiaque
6. Prévention de la maladie
7. Insuffisance cardiaque : consulter dès les premiers signes d’alerte

L’insuffisance est une maladie cardiaque chronique caractérisée par une défaillance du muscle cardiaque à assurer un bon débit sanguin dans l’ensemble de l’organisme. La décompensation cardiaque est une complication grave de l’insuffisance cardiaque.

Qu’est-ce que la décompensation cardiaque ?

“On parle de décompensation cardiaque lorsque le cœur n’arrive plus à assurer son rôle de pompe, entraînant une surcharge en eau salée dans l’organisme”, explique le Dr Manzo-Silberman. Il s’agit d’une complication de l’insuffisance cardiaque. Cette maladie touche 1,5 million de personnes en France et entraîne 70 000 décès chaque année. Elle représente donc un problème de santé à connaître.

Le rôle du cœur dans la circulation sanguine

Petit rappel pour mieux comprendre l’importance du rôle du muscle cardiaque :

• Le sang pauvre en oxygène arrive dans l’oreillette droite qui se contracte et éjecte le sang dans le ventricule droit. La valve située entre ces deux compartiments se ferme alors. Ensuite, le ventricule droit se contracte et propulse le sang dans le tronc pulmonaire. La valve à la base du tronc pulmonaire se ferme. Le sang envoyé vers les poumons s’enrichit alors en oxygène.
• Le sang riche en oxygène arrive dans l’oreillette gauche, qui se contracte et expulse le sang dans le ventricule gauche. La valve entre les deux se ferme et le ventricule gauche se contracte à son tour et propulse le sang dans l’aorte. La valve située au début de l’aorte se ferme et le sang oxygéné est distribué dans tout l’organisme.

Symptômes de la décompensation cardiaque

Dans le cas d’une décompensation cardiaque gauche, le patient souffre d’un œdème pulmonaire ou d’un œdème aigu du poumon qui se manifeste par une accumulation de liquide dans les poumons. Ce problème est dû à une insuffisance ventriculaire gauche : l’activité du ventricule gauche n’est plus adaptée. Sa capacité de contraction et d’éjection est insuffisante. L’œdème pulmonaire provoque un essoufflement et des difficultés respiratoires majeures.

Dans le cas d’une décompensation cardiaque droite, (lors d’une insuffisance ventriculaire droite) c’est le foie qui est affecté par la maladie. “On observe une hépatomégalie qui correspond à une augmentation du volume du foie, une hépatolalgie qui correspond à un foie sensible voire douloureux, et des œdèmes au niveau des jambes”, indique la cardiologue.

La décompensation cardiaque globale se manifeste par tous ces symptômes, auxquels s’ajoutent :

• Une fatigue inexpliquée ;
• Une chute de tension (baisse de la pression artérielle) ;
• Une prise de poids rapide due à la rétention d’eau dans les tissus.

Causes de cette pathologie cardiaque

La décompensation cardiaque résulte d’une insuffisance cardiaque non ou mal traitée (par exemple, à la suite d’un infarctus du myocarde ou d’autres maladies cardiaques). “L’insuffisance cardiaque peut être la conséquence d’une pathologie cardiaque, d’une mauvaise observance d’un traitement pour le cœur, d’un régime trop riche en sel ou encore d’une affection intercurrente (une maladie qui s’ajoute à une maladie) telle qu’une anémie, ou d’une infection telle que la gastro-entérite ou la grippe, qui peut déstabiliser l’équilibre cardiovasculaire”, précise la spécialiste.

De plus, le fait de ne pas corriger les facteurs de risque de l’insuffisance cardiaque est en soi un facteur favorisant sa décompensation.

• Une mauvaise hygiène de vie en général ;
• Le tabagisme ;
• La sédentarité ;
• Le diabète ;
• L’obésité ;
• La consommation excessive d’alcool ;
• L’hypertension artérielle ;
• L’hypercholestérolémie ;
• Le syndrome d’apnée du sommeil ;
• L’hyperthyroïdie.

Tous ces facteurs de risque peuvent augmenter le risque d’insuffisance cardiaque et donc de décompensation.

Diagnostic d’une décompensation cardiaque

Une décompensation cardiaque est suspectée en présence des signes cliniques mentionnés précédemment (œdème pulmonaire avec essoufflement, foie plus gros ou plus sensible, œdèmes des jambes). Des examens biologiques et radiologiques peuvent être réalisés en complément pour vérifier le fonctionnement du muscle cardiaque. “On peut prescrire une radio thoracique permettant de mettre en évidence l’atteinte pulmonaire et une échographie cardiaque afin de préciser et quantifier l’atteinte du muscle cardiaque”, indique le Dr Manzo-Silberman.

Traitement de la décompensation cardiaque

Le traitement de la décompensation cardiaque est adapté en fonction de la gravité. Certains patients peuvent être traités en ambulatoire grâce à la prise de médicaments qui améliorent la fonction de pompage/vidange du cœur et à la prise de diurétiques permettant d’éliminer le liquide excédentaire et de réduire les symptômes.

Les patients atteints d’une insuffisance cardiaque plus sévère, voire de choc cardiogénique, ne peuvent pas se contenter de médicaments et leur vie peut être en danger. Ils doivent être hospitalisés en urgence en raison du risque potentiellement vital.

En fonction de l’étiologie des troubles, un traitement approprié sera proposé pour faire face à la maladie. Par exemple, si la cause est ischémique, une revascularisation sera nécessaire (par voie percutanée ou chirurgicale).

Un traitement de fond contre l’insuffisance cardiaque sera ensuite prescrit au patient par son médecin pour éviter de nouveaux épisodes de décompensation. Dans ce cas, il est essentiel de suivre correctement le traitement.

Prévention de la maladie

La décompensation cardiaque étant une complication de l’insuffisance cardiaque, il est important de bien prendre son traitement pour maintenir l’équilibre et préserver ainsi le cœur. Certaines maladies cardiovasculaires telles que l’hypertension artérielle, l’obésité ou le diabète peuvent augmenter le risque de décompensation cardiaque. Un régime pauvre en sel, une activité physique régulière ainsi que l’arrêt du tabac sont des mesures préventives efficaces pour la santé de vos artères.

Insuffisance cardiaque : consulter dès les premiers signes d’alerte

“Plus d’un tiers des patients sortant d’hospitalisation pour décompensation cardiaque ne sont pas conscients d’être atteints d’une insuffisance cardiaque”, selon une enquête menée par le Groupe insuffisance cardiaque et cardiomyopathies (GICC) de la Société française de cardiologie (SFC) en 2018.

Dans cette enquête, on apprend également que près d’un tiers de ces patients (31%) présentait des symptômes de la maladie depuis au moins deux mois.

Cela montre une méconnaissance des symptômes d’alerte de l’insuffisance cardiaque. Or, plus la prise en charge des pathologies cardiaques est précoce, moins il y a de risques de complications graves liées au cœur.

Il ne faut pas hésiter à consulter votre médecin traitant si :

• Vous êtes essoufflé pour des efforts que vous avez l’habitude de faire facilement ;
• Vous êtes fatigué sans raison ;
• Vous avez pris du poids brutalement ;
• Vous avez des palpitations ;
• Vos jambes sont gonflées.

Il ne faut pas reporter la consultation par peur de la maladie ou du diagnostic : “On peut tout à fait mener une vie normale avec une insuffisance cardiaque, à condition d’avoir un traitement adapté et un suivi régulier par un cardiologue”, rappelle le Dr Manzo-Silberman.