Drogue MDMA : effets, risques de l’ecstasy
En collaboration avec Dr Jean-Michel Delile, médecin psychiatre, Directeur général du CEID (Centre d’Etude et d’Information des Drogues), président de la Fédération Addictions, membre de la commission nationale des stupéfiants
Stimulante, euphorisante, empathogène, la MDMA (aussi appelée ecstasy) est une drogue illicite qui provoque peu de dépendance. Mais qui n’est pas sans danger pour la santé ! Elle peut ainsi entraîner de graves complications, jusqu’au décès. Modes de consommation, effets, risques… On fait les présentations.
1. La MDMA, c’est quoi, précisément ?
La MDMA (3,4-méthylènedioxyméthamphétamine) est une molécule, appartenant à la famille des amphétamines. Elle ne pousse pas dans la nature, mais se fabrique dans des laboratoires illégaux, de manière totalement artificielle. C’est donc une drogue de synthèse.
On peut la trouver sous différentes formes (comprimés, cristaux, et poudre). Quand la MDMA est en comprimés, il s’agit de l’ecstasy. 5 % des 18-64 ans ont déjà expérimenté la MDMA/ecstasy ; 7,3 % des hommes et 2,7 % des femmes, selon le Baromètre santé 2017. Les fabricants donnent souvent à ces comprimés des couleurs vives, ou les ornent d’imprimés, pour les rendre plus "fun", désirables, plus rassurants.
2. MDMA : une consommation dite "festive"
"L’ecstasy a commencé à se répandre en France au milieu des années 1990", rappelle le Dr Jean-Michel Delile, psychiatre, président de la Fédération Addiction. "Il était au départ cantonné à un milieu restreint, celui de la musique techno, des rave-parties. Sa consommation a peu à peu pris de l’ampleur, touchant une population de jeunes adultes, souvent lors de fêtes privées plus classiques." Les tranches d’âge les plus concernées par l’expérimentation sont les 26-34 ans (9,5 % d’expérimentateurs) et les 18-25 ans (6,9 %).
La consommation se produit très souvent en groupe, dans un cadre festif. Elle est souvent excessive, certains pensant – à tort – que cette drogue est sans danger. Elle est encouragée par le prix peu élevé du produit : un comprimé d’ecstasy revient en moyenne à 10 € (données OCTRIS/OFAST).
La MDMA/ecstasy est pourtant classée comme un stupéfiant, et son usage est interdit en France. En acheter, en consommer, en détenir, en donner, en revendre, en produire, en transporter ou conduire après en avoir consommé, sont autant d’infractions à la loi, passibles de sanctions, selon le code pénal, quelle que soit la quantité de produit incriminée. 1.454.085 comprimés d’ecstasy ont été saisis en France en 2021 (données OSIRIS, OCTRIS/OFAST), soit une augmentation de 18 % par rapport à 2020.
3. MDMA : les différents modes de consommation
"Le plus souvent, la MDMA (ecstasy) est consommée sous forme de comprimés." Elle peut aussi, quand elle est prise sous forme de cristaux ou de poudre, être avalée, sniffée ou consommée en parachute. La poudre est alors mise en petits sachets faits avec des feuilles de papier à cigarette, avant d’être avalée.
Dans tous les cas, pour limiter les risques, des règles de prudence s’imposent lors de son usage. "Si l’idéal reste bien sûr de ne pas en prendre du tout, les consommateurs devraient vraiment éviter de prendre en entier un comprimé." Car les dosages en MDMA, la substance active, sont très variables. "Certains comprimés sont très fortement dosés. Mieux vaut donc en prévention prendre un quart de comprimé, et attendre une heure au minimum pour voir les effets, avant d’éventuellement reprendre un quart de comprimé." Mieux vaut aussi éviter de boire de l’alcool en même temps, en revanche il faut bien s’hydrater, avec de l’eau car la déshydratation est le risque numéro 1.
4. Des effets plus ou moins graves liés à l’usage de cette drogue
La consommation de MDMA libère une quantité élevée de sérotonine dans le cerveau. C’est une drogue plutôt faiblement addictive. Elle est liée à moins de dépendance que d’autres substances comme la cocaïne, mais elle peut néanmoins entraîner une cascade d’effets. Peu de temps après la prise, "le produit a déjà un effet stimulant", décrit le Dr Delile.
"Ces effets stimulants diminuent fortement le besoin de dormir, ce qui explique que la MDMA/ecstasy soit plébiscitée par des personnes ayant envie de faire la fête jusqu’au bout de la nuit." Et ce n’est pas tout. "Ces drogues amplifient les sensations, rendent les contacts plus faciles." Ces substances sont dites "empathogènes" c’est-à-dire que la prise de ces drogues amplifie la capacité d’empathie. Elles facilitent la communication, donnent envie de se rapprocher des autres, et exacerbent les sens, notamment celui du toucher. C’est d’ailleurs pour cette raison et ces effets que l’ecstasy est parfois surnommée "la drogue de l’amour".
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