Dyskinésies définition symptômes causes et prise en charge

By: Astolpho Frappier

Dyskinésies définition symptômes causes et prise en charge

Dyskinésie : de quoi parle-t-on ?

Le terme de dyskinésie fait référence à tout mouvement anormal et involontaire, ce qui peut aller des tics à des gestes brusques et répétés en passant par des troubles de la voix et de la déglutition. On fait le point sur les causes, traitements et prévention.

La dyskinésie, c’est quoi ?

La dyskinésie désigne tout spasme anormal et involontaire, plus ou moins ample, localisé ou généralisé, permanent ou intermittent. La dyskinésie peut avoir une application très vaste, elle vient parasiter le mouvement normal exécuté par une personne.

Un phénomène "dyskinétique" peut apparaître dans le cadre de certaines maladies non neurologiques, comme une hyperglycémie, une hyperthyroïdie ou encore un lupus érythémateux disséminé. Il peut prendre la forme de mouvements involontaires brusques, plus ou moins amples, saccadés et arythmiques. On distingue l’athétose, qui est une chorée lente, et l’hémiballisme, considéré comme une forme sévère de chorée.

La chorée, dont les causes sont multiples, est le plus souvent associée à la maladie de Huntington, une pathologie neurodégénérative héréditaire. Dans la catégorie des pathologies neuropsychiatriques à composante génétique, on pourrait encore évoquer le syndrome Gilles de la Tourette, associé à des tics moteurs ou sonores, involontaires et intermittents. Les myoclonies se présentent sous la forme de brèves secousses musculaires involontaires. Entre autres causes de la survenue de ce symptôme, on peut citer l’épilepsie, la maladie d’Alzheimer et certaines maladies neurodégénératives, comme la maladie de Parkinson, auxquelles s’ajoutent des infections, telles que le paludisme, la syphilis ou la borreliose de Lyme.

Les phénomènes dyskinétiques peuvent également être la conséquence de l’utilisation de médicaments, dont les antipsychotiques et la dopathérapie chez les patients atteints de Parkinson. D’autres médicaments peuvent aussi donner des dyskinésies, notamment la flunarizine, un antagoniste calcique sélectif, prescrit dans le traitement de fond de la migraine, ou encore certains médicaments antiémétiques, comme le métoclopramide, utilisés pour soulager les nausées ou les vomissements. La survenue de phénomènes dyskinétiques reste toutefois exceptionnelle avec ce produit, note toutefois l’expert.

En général, l’évocation d’un trouble est associée aux dyskinésies provoquées par les traitements neuroleptiques et dopaminergiques.

Quelles sont les causes des dyskinésies secondaires aux médicaments ?

Dans le cas des antipsychotiques, c’est leur action anti-dopaminergique qui va induire une plasticité cérébrale anormale et entraîner cette activité anormale, détaille le Pr Damier. Il faut distinguer deux types de dyskinésie :

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– La dyskinésie aiguë : elle se manifeste dans les heures qui suivent la prise du médicament, le plus souvent sous la forme d’une dystonie, c’est-à-dire de contractions musculaires prolongées, volontiers localisées aux muscles axiaux, parfois généralisées à tout le corps et/ou accompagnées de troubles de la déglutition, voire de la respiration.

– La dyskinésie tardive : elle apparaît plusieurs semaines ou mois après le début de la prise de médicaments. Les manifestations peuvent être de nature choréique (secousses brusques, non rythmiques, souvent au niveau de la sphère bucco-faciale : mâchonnement, clignements des yeux…) et/ou de nature dystonique (contraction musculaire entraînant des mouvements de torsion répétitifs ou des postures anormales, souvent au niveau axial – cou). Le problème avec ces dyskinésies tardives, c’est qu’elles peuvent persister, même après l’arrêt des antipsychotiques, précise Philippe Damier.

La maladie de Parkinson, qui touche quelque 150 000 personnes en France, se caractérise par un déficit des systèmes à dopamine, un neurotransmetteur impliqué dans le contrôle du corps. Le traitement, à base de L-dopa et/ou d’agoniste dopaminergique, a pour objet de corriger le déficit en dopamine. C’est en les corrigeant, d’une façon artificielle, que vont pouvoir se développer les dyskinésies. Elles sont plus souvent observées avec la L-dopa qu’avec les agonistes dopaminergiques, explique notre interlocuteur. Les spasmes se manifestent par crise, en fonction des prises de médicament dopaminergiques, en particulier la L-dopa. Les crises apparaissent le plus souvent lorsque l’effet de la médication est à son maximum, ou parfois dans les phases de transition entre l’état sous-corrigé et l’état corrigé, complète-t-il. Il faut toutefois plusieurs semaines, mois, voire années de médication pour que les phénomènes dyskinétiques apparaissent. Les membres (jambes, bras…), l’axe du corps, parfois le visage, peuvent être touchés.

Que ce soit lié à Parkinson ou dans la thérapeutique de troubles psychiatriques, tous les patients ne sont pas sujets à la dyskinésie. Dans les deux cas, une sensibilité anormale des récepteurs à la dopamine endogène est probablement en jeu. On peut donc supposer qu’il existe des facteurs génétiques de prédisposition à cette hyperactivité et, par conséquent, au développement de ces spasmes.

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Chez les patients traités avec des antipsychotiques, on observe que plus la personne est âgée, plus le risque de faire une dyskinésie tardive est élevé. De même, les femmes seraient plus souvent touchées que les hommes, probablement en raison de facteurs hormonaux. En outre, l’usage de certaines drogues comme la cocaïne, qui agit sur le circuit à dopamine, peut favoriser la dyskinésie.

Le système à dopamine est très plastique, affirme le Pr Damier. Il peut apprendre des gestes anormaux qui, une fois intégrés, ont tendance à persister.

Quels sont les symptômes ?

L’agitation anormale involontaire provoquée par les antipsychotiques et par le traitement dopaminergique dans la maladie de Parkinson présente certaines similitudes, admet Philippe Damier.

Parmi les symptômes, on recense :

– La dystonie, soit des contractions musculaires soutenues à l’origine de spasmes de torsion répétitifs ou de posture anormale ;

– La chorée, des mouvements brusques, non rythmiques touchant différents groupes musculaires ;

– L’hémiballisme, mouvement unilatéral et proximal, avec un caractère souvent répétitif, ample et souvent violent ;

– Les myoclonies, mouvements brusques ne touchant qu’un groupe musculaire ;

– Les tics, des mouvements brusques qui peuvent être partiellement contrôlés par la volonté.

Les phénomènes tardifs sont plus souvent choréiques, mais il peut aussi y avoir une composante dystonique, en particulier chez les personnes plus jeunes.

Chez le patient parkinsonien, les dyskinésies sont à différencier des tremblements, qui eux sont le fait d’une insuffisance de correction du déficit de dopamine.

Les dyskinésies peuvent parfois être impressionnantes en raison de l’amplitude des mouvements et de leur caractère "bizarre". Elles sont toutefois beaucoup moins sévères que par le passé et sont mêmes plus rares. Deux raisons à cela : d’une part, l’arrivée de nouveaux médicaments antipsychotiques et, d’autre part, une meilleure adaptation des doses personnalisées de la prescription dopaminergique.

La dyskinésie ciliaire primitive : quand les cils vibratoires défaillent

Alors que les dyskinésies évoquées ci-dessus se caractérisent plutôt par des mouvements surajoutés, avec la dyskinésie ciliaire primitive, ou DCP, il est au contraire question d’une perte de fonction. La DCP est une pathologie génétique rare qui entraîne la "paralysie" des millions de cils vibratoires présents à la surface de nos bronches et de nos fosses nasales. Frappés d’immobilité, ils ne peuvent plus évacuer les bactéries et les particules inhalées vers l’extérieur, ce qui favorise les infections. Chez les jeunes enfants, cela se traduit par des difficultés respiratoires ainsi que des sinusites, otites, bronchites à répétition, parfois associées à une perte auditive temporaire ou permanente. Selon le site Orphanet, une bronchiectasie presque généralisée chez les adultes se développe avec l’âge. Presque tous les hommes sont infertiles, à cause d’un trouble de la motilité des spermatozoïdes, bien que chez certains la motilité soit normale. Des malformations cardiaques congénitales, ou cardiopathies, sont également diagnostiquées chez 40 à 50 % des patients, qui présentent souvent une inversion en miroir de l’image de tous les viscères du thorax et de l’abdomen : on parle alors de syndrome de Kartagener. Si cette anomalie structurelle est présente dès la naissance (1 cas sur 15 000 environ), sa sévérité est variable, ce qui explique que son diagnostic puisse parfois intervenir tard, après la cinquantaine. À ce jour, il est impossible de rétablir la fonctionnalité des cils vibratoires. La prise en charge passe par un suivi clinique, un drainage régulier des sécrétions, un lavage nasal, des antibiothérapies, la vaccination, une chirurgie en cas de polypes et une transplantation pulmonaire en cas d’insuffisance pulmonaire terminale.

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