La dysenterie, une infection digestive rare en France

Endémique dans les pays en développement, la dysenterie est une maladie diarrhéique très contagieuse, potentiellement mortelle. Provoquée par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par un germe – parasite ou bactérie -, la dysenterie doit être traitée en urgence. Médecin infectiologue à l’Institut Pasteur, le Dr Oula Itani fait le point sur les symptômes de cette infection, ses traitements et les précautions à prendre pour y échapper.

1. Qu’est-ce que la dysenterie ?
2. Les causes de la dysenterie
3. Quels sont les symptômes d’une dysenterie ?
4. Comment poser le diagnostic de la dysenterie ?
5. Quelle est la différence entre diarrhée et dysenterie ?
6. Les traitements de la dysenterie
7. Prévention de la dysenterie
8. Recherche sur la dysenterie

Qu’est-ce que la dysenterie ?

La dysenterie est plutôt un syndrome qu’une maladie, précise d’emblée le Dr Oula Itani. "Autrement dit, la dysenterie est un ensemble de symptômes, une forte diarrhée (plus de 3 selles non moulées par jour), mêlée de sang, de pus et de glaire : on parle de diarrhée glairosanglante".

Cette maladie est due à l’envahissement du côlon par un microorganisme pathogène qui détruit la muqueuse colique. "Résultat : le côlon n’arrive plus à absorber l’eau qui est évacuée dans les selles, et la destruction des cellules de la muqueuse entraîne l’émission de sang et de glaire", décrit la spécialiste.

Les causes de la dysenterie

La dysenterie survient essentiellement dans les pays dont les normes d’hygiène et d’assainissement de l’eau ne répondent pas aux standards internationaux. Ce sont des maladies malheureusement très présentes. Des germes pathogènes peuvent donc circuler dans les canalisations d’eau. Il peut s’agir soit de bactéries, soit de parasites, indique la spécialiste.

• La dysenterie d’origine bactérienne est principalement due à l’ingestion de shigellose (Shigella). Mais cette infection intestinale peut aussi être provoquée par certaines espèces d’Escherichia coli, de salmonelles, de Yersinia ou par des Campylobacter. Cette forme de dysenterie est très contagieuse, elle peut notamment être transmise par contagion directe via la voie féco-orale, mais aussi par contagion indirecte via des objets contaminés comme les sièges des toilettes ou des poignées de porte ;
• Lorsqu’elle est due à un parasite, on parle de dysenterie intestinale amibienne ou amibiase. Le parasite en cause est un protozoaire connu sous le nom d’Entamoeba histolytica, qui affecte à la fois le côlon et l’intestin grêle, et se propage essentiellement via les matières fécales. La dysenterie amibienne se contracte essentiellement par la consommation d’eau contaminée.

En France, les maladies dysenteries sont toutefois rares, rassure le Dr Itani. "Moins de 10 % des diarrhées infectieuses au retour d’un voyage, que l’on nomme aussi turista, sont dysenteriques".

Quels sont les symptômes d’une dysenterie ?

Les symptômes de la dysenterie débutent brutalement, après une incubation brève. Une importante diarrhée associée à du sang, du pue et des glaires, et accompagnée de douleurs abdominales qui suivent le trajet du côlon ("on parle de douleurs en cadre") sont caractéristiques de ces maladies, la dysenterie, quel que soit le germe en cause, décrit le Dr Itani. En revanche, seule une dysenterie d’origine bactérienne provoque habituellement de la fièvre.

D’autres douleurs spécifiques peuvent aussi orienter le diagnostic vers une dysenterie : la survenue d’épreintes (des douleurs abdominales associées à des contractions répétitives au niveau du côlon terminal et qui entraînent des fausses envies d’aller à la selle), tout comme celle de ténésmes (tensions au niveau de la région anale qui suscitent, elles aussi, des envies impérieuses d’aller à la selle sans pour autant que le patient parvienne à émettre des selles). Ces symptômes caractéristiques peuvent s’accompagner d’autres signes moins spécifiques comme une perte d’appétit, une perte de poids, des maux de tête et une grosse fatigue.

Des complications peuvent émailler l’évolution de la dysenterie, surtout chez les plus fragiles. La plus redoutée est la déshydratation pouvant mener à l’insuffisance rénale. "La déshydratation peut être très rapide si le nombre de diarrhées quotidiennes est important. Beaucoup plus rarement, les bactéries peuvent passer dans la circulation sanguine et provoquer un sepsis, autrement dit une infection généralisée, qui constitue une urgence vitale. Enfin, un syndrome occlusif pouvant se compliquer en une perforation de l’intestin accompagnée d’une hémorragie digestive, n’est pas à écarter. Ces complications restent toutefois rares", précise le Dr Itani.

Comment poser le diagnostic de la dysenterie ?

Le diagnostic de ces maladies, la dysenterie, repose avant tout sur l’examen clinique du patient. "Dès lors qu’il y a du sang dans les selles et que la diarrhée s’accompagne de fièvre, il ne peut pas s’agir d’une simple gastro-entérite virale ou d’une intoxication alimentaire".