Contenu
- 1 Tout savoir sur les dysarthries
- 1.1 Qu’est-ce qu’une dysarthrie ?
- 1.2 Pourquoi j’ai du mal à articuler ? Causes de la dysarthrie
- 1.3 Les différents types de dysarthrie
- 1.4 Les symptômes de la dysarthrie
- 1.5 C’est quoi l’aphasie ? Différences avec la dysarthrie ?
- 1.6 Diagnostic : comment savoir si l’on souffre de dysarthrie ?
- 1.7 Est-ce que la dysarthrie se soigne ?
Tout savoir sur les dysarthries
Les dysarthries, troubles de la parole d’origine neurologique, peuvent avoir plusieurs causes. Quels sont les différents types de dysarthrie ? Peut-on les soigner ? Quelles différences avec l’aphasie ? Réponses de Céline Mercier-D’Oléac, orthophoniste au centre hospitalier d’Aix en Provence.
- Qu’est-ce qu’une dysarthrie ?
- Pourquoi j’ai du mal à articuler ? Causes de la dysarthrie
- Les différents types de dysarthrie
- Les symptômes de la dysarthrie
- C’est quoi l’aphasie ? Différences avec la dysarthrie
- Diagnostic : comment savoir si l’on souffre de dysarthrie ?
- Est-ce que la dysarthrie se soigne ?
Qu’est-ce qu’une dysarthrie ?
"Une dysarthrie est le symptôme d’un trouble neurologique qui affecte la réalisation motrice de la parole", décrit Céline Mercier-D’Oléac.
La parole est un assemblage de sons, eux-mêmes assemblés en mots, eux-mêmes assemblés en phrases, suivant une intonation propre à chaque langue.
Chaque son de la parole possède une configuration articulatoire propre. Par exemple, pour produire le son [m], les lèvres sont fermées, le voile du palais abaissé, la langue en position neutre, les cordes vocales en vibration, alors que pour le son [ch], les lèvres sont arrondies et en avant, la langue recule, le voile du palais est relevé et les cordes vocales inactives.
La parole comprend plusieurs composantes :
- La composante respiratoire : coordination de la respiration avec la parole ;
- La composante phonatoire : production de la voix au niveau du larynx ;
- La composante articulatoire : mise en jeu des lèvres, de la langue, du voile du palais et de la mâchoire ;
- La composante prosodie : "correspond à la mélodie de la parole, aux variations de volume et de fréquence de la voix : c’est l’intonation", explique la spécialiste ;
- La résonance : richesse du timbre de la voix et amplification, dépendant de la cavité buccale et pharyngée.
La dysarthrie peut affecter une ou plusieurs de ces composantes de la parole.
Pourquoi j’ai du mal à articuler ? Causes de la dysarthrie
Les dysarthries sont d’origine neurologique. Elles peuvent être consécutives à une lésion du système nerveux central (cerveau ou moelle épinière) ou à une lésion des fibres nerveuses du système nerveux périphérique qui contrôlent les muscles utilisés pour parler.
Causes possibles de ces lésions :
- Un traumatisme crânien ;
- Un accident vasculaire cérébral (AVC) ;
- Une maladie de Parkinson ;
- Une sclérose latérale amyotrophique (SLA), également connue sous le nom de maladie de Charcot ;
- Une tumeur cérébrale ;
- Une atteinte du cervelet, telle que l’ataxie de Friedrich d’origine génétique ;
- Une myasthénie, atteinte de la plaque motrice du muscle ;
- La sclérose en plaques ;
- Certaines infections comme la maladie de Lyme.
Les différents types de dysarthrie
Les dysarthries peuvent être classées en plusieurs types selon la nature de l’atteinte neurologique sous-jacente. Les travaux de référence sur la parole dysarthrique sont ceux de Darley en 1975 qui ont permis de classifier les dysarthries en 6 classes distinctes. La classification de Duffy, en 2005, a ajouté deux classes supplémentaires, basées sur les anomalies perçues par un jury d’experts chez 212 patients dysarthriques1.
- Les dysarthries ataxiques : atteinte du cervelet ou des voies cérébelleuses. Elles peuvent être dégénératives, vasculaires, démyélinisantes, traumatiques, néoplasiques, inflammatoires, toxiques ou métaboliques. La maladie de Friedrich fait partie de ce type de dysarthries ;
- Les dysarthries flasques : causées par une atteinte périphérique des nerfs crâniens. La paralysie faciale en fait partie ;
- Les dysarthries hypokinétiques ou hyperkinétiques : causées par une atteinte des noyaux gris centraux du système nerveux. La maladie de Parkinson est une dysarthrie hypokinétique et la maladie de Huntington fait partie des dysarthries hyperkinétiques, explique la spécialiste ;
- Les dysarthries spastiques : atteinte des motoneurones supérieurs, causée par des lésions bilatérales des voies reliant les structures hémisphériques aux noyaux du tronc cérébral contrôlant les muscles utilisés pour parler. Elles provoquent un syndrome pseudobulbaire, avec des symptômes paralytiques similaires à ceux provoqués par une atteinte du tronc cérébral. Elles peuvent être provoquées par un AVC ou un traumatisme crânien ;
- Les dysarthries liées à une atteinte unilatérale du premier motoneurone ;
- Les dysarthries mixtes : dans la classification de Darley, cette classe représentait les patients atteints de sclérose latérale amyotrophique (SLA) qui présentent une dysarthrie associant une composante spastique et une composante flasque ;
- Les dysarthries d’étiologie indéterminée.
Les symptômes de la dysarthrie
La symptomatologie des dysarthries est aussi variée que leurs étiologies.
Les signes les plus fréquents affectent :
- La respiration : sensation d’essoufflement lors de la parole ;
- Le volume sonore : diminution de l’intensité de la voix ;
- La phonation : altération de la qualité de la voix. La voix peut être rauque, soufflée ou serrée, décrit l’orthophoniste ;
- La prosodie : voix aberrante monotonique ou au contraire variations mélodiques non adaptées ;
- L’articulation : imprécision des sons (consonnes et voyelles), nasillement ou articulation saccadée ;
- Le rythme : débit de parole affecté. Palilalie, pseudo-bégaiement, et variations rythmiques inappropriées pendant la parole, précise Céline Mercier-D’Oléac.
C’est quoi l’aphasie ? Différences avec la dysarthrie ?
Si l’aphasie et la dysarthrie se manifestent tous deux par des difficultés à parler, leur origine est complètement différente. L’aphasie est un trouble du langage, tandis que la dysarthrie est un trouble de la parole.
"Pour mieux comprendre, prenons l’image de la musique : le langage est la partition et la parole le jeu du musicien avec son instrument", décrit l’orthophoniste.
Diagnostic : comment savoir si l’on souffre de dysarthrie ?
Les dysarthries peuvent être détectées par le médecin ou par le patient lui-même, qui les signalera à son médecin.
Le patient sera ensuite référé à un orthophoniste qui effectuera un bilan.
"L’orthophoniste propose un bilan complet pour déterminer la nature de l’atteinte (phonation, respiration, articulation, prosodie, etc.) et orienter le diagnostic afin de proposer la meilleure prise en charge possible au patient", explique Céline Mercier-D’Oléac.
Est-ce que la dysarthrie se soigne ?
Le traitement de la dysarthrie repose principalement sur l’orthophonie. Le bilan orthophonique permet de définir les axes de rééducation. Les techniques peuvent être analytiques, c’est-à-dire axées sur chaque composante de la parole (respiration, phonation, articulation, etc.), ou plus globales. "Par exemple, dans la maladie de Parkinson, la méthode LSVT (Lee Silverman Voice Treatment) focalise sur l’intensité vocale, mais améliore globalement la parole", détaille l’orthophoniste.
"La prise en charge orthophonique varie en fonction du type de pathologie à l’origine de la dysarthrie", précise la spécialiste.
Dans le cas d’une maladie neurodégénérative telle que la SLA, la prise en charge doit être mise en place le plus tôt possible, dès le diagnostic de la maladie. "Plus le traitement est précoce, idéalement même avant que les symptômes de la dysarthrie ne soient audibles, plus il est efficace", insiste Céline Mercier-D’Oléac.
Le traitement consiste à donner au patient des moyens de compensation et à entraîner certaines compétences afin de retarder au maximum l’apparition des symptômes et de limiter leur aggravation.
"Nous ne faisons pas uniquement travailler la parole du patient, mais nous sollicitons toutes les sensations sensorimotrices : le goût, le toucher, les odeurs, etc. Et toujours en rééducation passive car trop de mouvement peut accélérer la dégénérescence", détaille l’orthophoniste.
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