Cyphose causes symptômes traitements

By: Astolpho Frappier

Cyphose causes symptômes traitements

Cyphose : définition, causes et traitements

Un dos légèrement arrondi, rien de plus normal. Cette voussure peut toutefois s’accentuer et devenir pathologique. C’est ce qu’on appelle une hypercyphose. Quand la colonne vertébrale se déforme : causes, symptômes et traitements. Pour nous guider : le Dr Robin Arvieu, chirurgien orthopédiste et spécialiste de la colonne vertébrale à l’Institut du rachis parisien.

  1. Qu’appelle-t-on une cyphose ?
  2. Quelles sont les causes ?
  3. Quels sont les symptômes ?
  4. Comment pose-t-on le diagnostic ?
  5. Quels sont les traitements ?
  6. Quels sont les risques ?

Qu’appelle-t-on une cyphose ?

Une cyphose est une courbure naturelle du rachis, qu’on observe sur le plan sagittal, dit aussi antéro-postérieur. En anatomie, cela correspond au plan vertical, ou longitudinal, qui passe par la ligne médiane du corps, et qui est orienté d’avant en arrière.

"On compte trois types de courbure au niveau de la colonne vertébrale : la lordose lombaire (cambrure au niveau du bas du dos), la cyphose thoracique et la lordose cervicale (cou)", précise le Dr Robin Arvieu, chirurgien orthopédiste et spécialiste de la colonne vertébrale, à l’Institut du rachis parisien.

Une cyphose n’est pas forcément pathologique, tient à souligner le Dr Arvieu : "Ces courbures qui sont physiologiques varient selon les personnes. Elles ont des valeurs différentes, et ce qui est important, ce n’est pas leur valeur propre, mais l’équilibre global du dos".

En revanche, une cyphose peut devenir pathologique, si elle est accentuée pour diverses raisons. Vue de profil, elle se présente alors sous la forme d’une courbure de convexité postérieure anormalement exagérée, au niveau dorsal. On parle alors d’hypercyphose thoracique.

On parlera également de cyphose cervicale, quand la lordose cervicale est considérée comme pathologique : celle-ci inverse alors sa courbure en cyphose. Mais à l’œil nu, une cyphose du cou se remarque beaucoup moins "car le secteur dorsal, du fait de son articulation avec la cage thoracique, est moins mobile que l’étage cervical". En cas de déformation, le patient a donc la possibilité de ramener sa tête vers l’arrière et de maintenir une lordose cervicale.

Quelles sont les causes ?

La grande étiologie de l’hypercyphose thoracique, c’est la maladie de Scheuermann, appelée aussi dystrophie rachidienne de croissance. "C’est une pathologie qui correspond à un trouble de la croissance osseuse : la croissance qui se fait majoritairement au niveau des plateaux supérieur et inférieur ne se fait pas de manière équivalente en avant et en arrière du corps vertébral. En clair, le corps vertébral va davantage se développer derrière que devant, ce qui va accentuer la cyphose physiologique", explique le spécialiste.

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Généralement, cette pathologie apparaît à la préadolescence, entre 11 et 13 ans, selon le sexe de l’enfant : il présente un aspect voûté, et se plaint de dorsalgie – spécialement en position assise.

Elle peut toutefois se manifester chez l’adulte sur différents modes :

  • Soit pour des douleurs à l’étage hypercyphotique et/ou d’une gêne esthétique ;
  • Soit pour un déséquilibre entre les 3 courbures de la colonne vertébrale. "Dans ce cas, la porte d’entrée du diagnostic, ce ne sont pas des douleurs dues à la distorsion thoracique, mais des douleurs lombaires par mécanisme compensatoire, développe le Dr Arvieu. Le rachis lombaire, qui est en lordose, va chercher à compenser en s’hyperlordosant. Et, de ce fait, cette hyperlordose va entraîner des douleurs lombaires".

Parmi les autres causes, il y a certaines pathologies inflammatoires, comme la spondylarthrite ankylosante et la polyarthrite rhumatoïde, qui, de par leur évolution, peuvent être à l’origine de déformations secondaires, et d’hypercyphoses. De même, les pathologies dégénératives, dues notamment au vieillissement, comme l’arthrose, les discopathies ou encore l’ostéoporose, figurent parmi les facteurs de risque.

L’ostéoporose qui pourrait aussi se ranger dans le groupe des pathologies traumatico-tumorales est à même d’entraîner une fracture. "Mal corrigée, une fracture peut ensuite entraîner un trouble de l’équilibre, et être à l’origine d’une augmentation de la cyphose régionale", rapporte le Dr Arvieu.

Quels sont les symptômes ?

En ce qui concerne les plaintes, elles sont répertoriées comme suit :

  • Soit des douleurs au milieu du dos, à l’endroit de la cyphose ;
  • Soit des douleurs lombaires, au bas du dos, liées à une hypercompensation qui vise à corriger l’hypercyphose ;
  • Soit une gêne esthétique.

Dans les cas d’hypercyphose importante, il faut mentionner trois autres expressions de la pathologie :

  • Des douleurs au sommet de la cyphose, dans la position assise, dues à des appuis prolongés sur un dossier de la chaise ;
  • La nécessité de lutter pour ne pas tomber vers l’avant, au cours de la marche. Une plainte qui peut survenir au fur et à mesure de l’évolution de l’hypercyphose. "Ce qui oblige le patient à mettre en place toute une série de mécanismes compensateurs (hyperextension de hanche, la flexion de genou, la rétroversion du bassin, etc.) pour contrecarrer cette tendance à se faire entraîner vers l’avant", illustre Robin Arvieu ;
  • Des troubles respiratoires, dans les cas de déformation très marquée, quand la modification architecturale entraîne des syndromes restrictifs sur la cage thoracique. Cela reste très rare, même dans des cyphoses dégénératives, pointe l’expert.

Quant à la cyphose cervicale, elle s’exprimera dans le cadre de discopathies, autrement dit lorsqu’un disque cervical est pathologique (dégénératif ou post-traumatique). Mais au plan symptomatique, il y a très peu de plaintes : "Cela peut néanmoins donner des douleurs, en cas de névralgie cervico-brachiales sur des compressions nerveuses", déclare le Dr Arvieu. Et dans ce cas, on traite la discopathie.

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Comment pose-t-on le diagnostic ?

Un examen clinique peut suffire à observer une cyphose excessive sur la zone thoracique, qui entraîne un déséquilibre antérieure complémentaire. "Nous avons des mesures qui permettent de confirmer le déséquilibre observé. Exemple, si vous plaquez le patient contre un mur, parfois sa tête ne peut pas rejoindre la paroi", rapporte le Dr Arvieu.

Pour autant, pour évaluer ce déséquilibre et son retentissement, la première étape consiste à effectuer un bilan radiographique standard. Les clichés doivent toutefois rendre compte de l’ensemble de la colonne. "Pour cela, il y a deux examens de référence, le télerachis, de face et de profil, ou l’EOS, qui vont nous permettre d’avoir une vue générale, de la base du crâne jusqu’au bassin, toujours dans l’idée d’observer l’équilibre global de l’architecture rachidienne, propre à chacun", insiste notre interlocuteur.

Comme il existe, de surcroît, des paramètres précis pour identifier la maladie de Scheuermann, l’une des causes majeures d’hypercyphose dorsale, ce premier examen de débrouillage peut suffire pour poser d’emblée un diagnostic, en cas de trouble de la croissance osseuse. Il peut également permettre de repérer une fracture ostéoporotique. "Cette radiographie permet de diagnostiquer environ 90 % des pathologies".

Cet examen d’imagerie peut aussi être l’occasion de découvrir une cyphoscoliose, qui réunit une distorsion de la colonne vertébrale antéro-postérieure et une déformation en 3 dimensions, sur les plans sagittal et frontal (scoliose). Il peut aussi s’agir d’une scoliose qui s’accompagne d’une cyphose. "En plus de la déformation et rotation vertébrale en 3 dimensions, il y a un arrondissement excessif à l’étage thoracique qui entraîne un déséquilibre antérieure complémentaire", décrit le Dr Arvieu.

Quels sont les traitements ?

En première intention, l’approche thérapeutique passe par la rééducation fonctionnelle.

En cas de maladie de Scheuermann diagnostiquée dans l’enfance, l’enfant pourra porter des corsets thermoformés sur mesure durant toute la période de la croissance. Objectif : "Faire en sorte que la suite du développement se fasse dans un axe moins pathologique". Outre les corsets, la réeéducation fonctionnelle permettra de renforcer les muscles de la ceinture abdominale. Et l’enfant fait de toute façon l’objet d’une surveillance, le temps au moins de la croissance.

À noter qu’en ce qui concerne les séquelles de l’enfance de la maladie de Scheuermann, diagnostiquées à l’âge adulte, 99 % des patients recevront aussi un traitement rééducatif. "C’est très rare qu’on les opère", affirme le Dr Arvieu. Dans leur cas, l’activité physique adaptée (APA) a toute sa place, dont l’apprentissage d’exercices posturaux et d’auto-entretien des érecteurs du tronc, de la sangle abdominale, etc., pour renforcer les muscles – qui occupés à lutter contre le déséquilibre de la colonne se fatiguent davantage. "Ce qui revient à dire que ces exercices n’ont pas pour but de corriger la déformation osseuse, mais de diminuer la symptomatologie au minimum", complète-t-il.

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Et comme dans toutes les situations douloureuses, un traitement médicamenteux peut être adjoint (antalgiques, anti-inflammatoires).

Chez l’adulte, la découverte de la maladie de Scheuermann entraîne une prise en charge au cas par cas, selon la cause. "S’il s’agit de discopathies dégénératives, une intervention chirurgicale peut éventuellement être décidée, s’il s’agit de fractures d’un cal vicieux, une ostéotomie peut être envisager pour les corriger, etc.", énumère le chirurgien.

Une hyperlordose compensatrice peut faire aussi l’objet d’une prise en charge chirurgicale, en cas de forte souffrance sur la zone des lombaires. Dans tous les cas, l’intervention repose sur deux principes, la correction, pour réduire la cyphose, et la fusion, pour obtenir un redressement pérenne (arthrodèse).

La chirurgie peut également être indiquée, en cas d’échec de la rééducation mise en place – gêne persistante, voire invalidante, comme une personne qui ne réussit pas à redresser son regard à l’horizontal.

Quel que soit le motif, des examens préopératoires devront être effectués :

  • La réalisation de clichés dynamiques en bending (droit et gauche en inclinant la colonne au maximum, notamment du côté opposé à la convexité et en verrouillant bien le bassin) ;
  • Une IRM pour regarder la moelle épinière et s’assurer qu’il n’y a pas de malformation associée.
  • Un scanner pour vérifier qu’il n’y a pas des fusions pathologiques sur les vertèbres.
  • Une ostéodensitométrie pour s’assurer de la bonne qualité osseuse. Cela concerne les femmes de 45 ans et plus, et les hommes à partir de 55 ans. En cas d’ostéoporose avérée, le médecin traitant du patient, ou son rhumatologue, lui prescrira un traitement adapté. L’intervention sera à nouveau envisagée quand le bilan osseux se sera normalisé.

Quels sont les risques ?

C’est une évidence, mais faut-il encore la rappeler : en cas d’intervention, il faut que l’indication chirurgicale soit bonne. Et le diagnostic bien posé.

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