Dépistage cancer du sein après 75 ans une nécessité

By: Astolpho Frappier

Dépistage cancer du sein après 75 ans une nécessité

Cancer du sein : dépistage essentiel après 75 ans

33 % des cancers du sein concernent les femmes de plus de 70 ans. Pourtant, le dépistage organisé du cancer du sein en France est actuellement proposé uniquement aux femmes de 50 à 74 ans. Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) affirme qu’il est primordial d’informer ces femmes, ainsi que leur entourage et leurs médecins, sur l’importance de continuer la surveillance même après cet âge.

  1. Les limites du dépistage organisé
  2. L’importance du dépistage après 75 ans
  3. Le cancer du sein chez les femmes âgées

"En prolongeant le dépistage au-delà de 75 ans, nous pourrions éviter entre 3 000 et 4 000 décès par cancer du sein chaque année en France", affirme le Pr Carole Mathelin, chef du service de sénologie au CHU de Strasbourg. Selon le CNGOF et la Société internationale de sénologie (SIS), le dépistage organisé du cancer du sein devrait être recommandé chez les femmes de plus de 75 ans.

Les limites du dépistage organisé

En France, le dépistage organisé du cancer du sein est actuellement proposé aux femmes âgées de 50 à 74 ans, tous les 2 ans et sans frais pour les patientes. Il comprend un examen clinique (palpation des seins), une mammographie avec double lecture par deux radiologues et éventuellement une échographie mammaire si nécessaire. Ces examens sont destinés aux femmes qui n’ont aucun symptôme ni facteur de risque autre que leur âge.

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La question de la poursuite du dépistage après 75 ans se pose du fait que 33 % des cancers du sein surviennent chez les femmes de plus de 70 ans. L’âge est le principal facteur de risque de cancer du sein, avec une incidence croissante de 30 à 80 ans. Des facteurs de risque spécifiques incluent notamment une ménopause tardive ou un traitement hormonal substitutif prolongé.

Limiter le dépistage organisé à un certain âge peut donner l’impression que le risque disparait ensuite. Résultat : après cet âge, certaines femmes négligent les soins gynécologiques car elles ne se sentent plus concernées.

Les gynécologues du CNGOF s’alarment de cette situation et regrettent que les femmes concernées par le dépistage reçoivent un courrier de l’Institut national du cancer (INCa) indiquant que "après 74 ans, elles ne recevront plus d’invitation régulière de notre part" et les invitant à consulter leur médecin traitant pour déterminer la meilleure modalité de surveillance.

L’importance du dépistage après 75 ans

Même si le dépistage national ne se poursuit pas après 75 ans, la surveillance ne doit pas s’arrêter, d’autant plus que le risque de cancer du sein augmente régulièrement et que l’espérance de vie reste importante, avec une moyenne de 10 ans pour une femme de 80 ans.

"Il ne faut pas abandonner ces femmes", soutient le Dr. Bruno Cutuli, président de la Société Française de Sénologie et de Pathologie Mammaire. Bien qu’elles ne fassent plus partie du dépistage organisé, ces femmes doivent être suivies par leur médecin généraliste et leur gynécologue, et continuer à se faire dépister individuellement.

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Pour le CNGOF, il ne s’agit pas de soumettre toutes les femmes âgées à un dépistage organisé, car cela aurait un coût élevé. Cependant, il est essentiel d’informer clairement les femmes, leur entourage et leurs médecins sur la nécessité de rester vigilantes. La place de l’examen clinique mammaire lors des consultations médicales doit être renforcée, et il est recommandé d’inviter les femmes qui le souhaitent à poursuivre un dépistage mammographique individuel une fois qu’elles ont dépassé l’âge du dépistage organisé, insiste le Pr. Mathelin.

"Les tumeurs chez les femmes âgées sont facilement repérables", explique le Dr. Seror, radiologue et membre de la commission sénologie du CNGOF. En raison de la densité mammaire plus faible, il est presque toujours possible de détecter les tumeurs lors d’un simple examen clinique. Ainsi, il est primordial d’encourager les femmes à continuer les examens cliniques réguliers plutôt que de recourir systématiquement à la mammographie.

Le cancer du sein chez les femmes âgées

Les caractéristiques histopathologiques des tumeurs chez les femmes âgées sont plutôt favorables, avec moins de cas de cancer triple négatif et HER2 par rapport aux femmes de moins de 40 ans. Cependant, ces femmes présentent souvent des tumeurs volumineuses, un stade lésionnel plus avancé avec une taille moyenne de 3 à 5 cm, ainsi que fréquemment des atteintes ganglionnaires axillaires et parfois des métastases dès le diagnostic. Cela explique pourquoi les taux de mastectomie sont élevés, d’environ 30 à 40 %. Le taux de survie relative à 5 ans chez les femmes de 75 ans et plus est de 76 %, comparé à 92 % pour les femmes de 45 à 74 ans et 90 % pour les femmes de moins de 45 ans.

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